| 
			 
			Onze noms sont gravés dans le marbre du monument aux morts érigé 
			dans l’allée centrale du cimetière du village. Noueilles a payé un 
			très lourd tribut à la Grande Guerre.  
			Ils s'appelaient Pierre 
			ou Jean, Guillaume ou François, Paul ou Jean-Marie. La plupart 
			étaient nés à Noueilles, les autres dans les communes ou des cantons 
			voisins. Beaucoup étaient cultivateurs, mais il y avait aussi parmi 
			eux deux ouvriers maçons, un ouvrier forgeron et un cordonnier... 
			Pierre s'était marié avec Maria - ils étaient allés à l'école 
			ensemble ! - et ils avaient deux enfants... Paul était 
			l'avant-dernier d'une famille de cinq enfants, et il travaillait 
			chez le forgeron de Saint-Léon ; Joseph avait deux filles et il 
			venait d’ouvrir, pour améliorer son ordinaire de maçon, une petite 
			épicerie au village ; Jean-Marie était fiancé à Noélie... 
			 
			Ce sont des tranches de 
			vies bien ordinaires que racontent les plaques des monuments aux 
			morts, à Noueilles comme sans doute dans la plupart des villages de 
			la campagne lauragaise. Ordinaires... jusqu'à ce jour du 3 août 1914 
			- "une journée de vent d'autan épouvantable", se souvenait 
			Olga Amilhat, qui avait 9 ans cette année-là - où "à 16 heures, 
			les cloches se sont mises à sonner, longtemps, longtemps, 
			longtemps..."  
			Moins d'un mois et demi 
			plus tard, le 14 septembre 1914, tombait sur la Marne le premier 
			Noueillois : Bertrand Roques, 24 ans, cordonnier, brave et obscur 
			soldat du 71ème Régiment d'Infanterie, mort au même champ d'honneur 
			que Charles Péguy (le 5 septembre) ou Alain-Foumier (le 22 
			septembre). "Le premier mort, cela a fait un grand choc dans le 
			village", se souvenait encore Olga, dont le père Paulin Rouquaud, 
			était lui aussi monté au front. Un choc qui s'est répété onze fois 
			au fil des quatre années de guerre ! Pour la commune, qui comptait 
			201 habitants au recensement de 1911, cela signifie plus d'un 
			Noueillois sur vingt (1 sur 18, exactement).  
			Bertrand, Jean-Marie, 
			Guillaume, Jacques... Les deux plus jeunes n'avaient pas 20 ans ; 
			deux de leurs aînés, mariés et pères de famille, avaient largement 
			dépassé la quarantaine…  
			A la fin des hostilités, 
			les corps ont été ramenés. Deux sont allés dans les caveaux de 
			famille. Pour les neuf autres, la municipalité a fait construire 
			(sur un devis de 1580 Fr, approuvé le 17 décembre 1922) un caveau 
			commun surmonté d'une colonne portant les noms des disparus. Ce qui 
			explique pourquoi le monument aux morts se situe dans le cimetière, 
			à Noueilles.  
			En ce temps-là, personne 
			- et surtout pas les survivants de cette Première Guerre mondiale 
			qu'ils avaient surnommée "la der des der", tant ils étaient 
			convaincus que plus jamais les hommes n'auraient la folie de se 
			relancer dans une aussi tragique aventure - personne n'aurait osé 
			imaginer que moins d'un quart de siècle plus tard, il faudrait 
			ajouter deux nouveaux noms au bas du marbre... 
			Treize noms 
			gravés dans le marbre  
			. 
			Guerre 1914-1918  
			Bertrand Roques (24 ans), le 
			14 septembre 1914, à Minaucourt (Marne)  
			Jean-Marie Pitorre, le 14 septembre 1914.  
			Guillaume Seigneurie (29 ans), le 24 septembre 1914, à Saint-Rémy 
			(Meuse).  
			Jacques Demay (19 ans), le 21 juillet 1915, à Sainte-Menehould 
			(Marne).  
			François Delga (42 ans), le 29 mai 1917, au château du 
			Petit-Méthairon (Meuse).  
			Pierre Peries (19 ans), le 20 août 1917, à Champneuville (Meuse).
			 
			Jean Valette (44 ans), le 1er octobre 1917, au dépôt de 
			Génicourt-Péniches (Meuse).  
			Pierre Ramade (33 ans), le 22 octobre 1917, à Laine (Marne).  
			Joseph Melet (33 ans), le 21 juin 1918, à Conty (Somme)  
			Paul Crouzillat (21 ans), le 18 juillet 1918 à Montvoisin (Marne).
			 
			Jean-Marie Milhas (28 ans), le 15 décembre 1918, à Sézanne (Marne) 
			Guerre 1939-1945 
			 
			Général Paul Flamant, fusillé en Allemagne, à Karlsrhue, le 1er 
			avril 1944  
			Jean Parédé  
			Les fiches 
			biographiques des onze Noueillois "Morts pour la France" en 
			1914-1918 sont 
			
			directement accessibles ici.  |